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1906
: Lors de la fête populaire un second
Arbre de la Liberté est planté. Un Comité départemental d'Union républicaine
s'est constitué pour lancer une souscription qui a permis d'offrir à la commune
de Rimou un monument portant statue de la République. Ce monument, édifié selon
les plans de Monsieur Laloy, Architecte du Département, porte l'inscription : "A
RIMOU – Les Républicains d'ILLE-et-VILAINE 14 octobre 1906" L'inauguration se fait en présence du Préfet, des trois Députés républicains du Département (Le Hérissé, Surcouf et Guernier), du Sous-Préfet, "des plus hautes notabilités du département, des Conseillers Généraux d'arrondissement, des Maires et Adjoints républicains d'Ille-et-Vilaine, aux acclamations d'une foule immense (6 000 personnes) venue de tous les coins du département pour applaudir Rimou et les Rimois". (9) Le
recteur de la paroisse Pierre le Bigot n'appréciera pas. Il écrit dans le livre
de la paroisse : "Inauguration de Marie Anne (1er octobre
1909). On était en plein combisme, régime abject qui n'était pas fait pour
déplaire aux habitants de Rimoux. On fit de grands préparatifs : arcs de
triomphe, arbres verts plantés partout, extrade sur la place – discours en vers
et en prose, glorification des grands ancêtres : l'abbé Macé – Marie Collin –
Trébourg ; présence des Préfet, Sous Préfet – Sénateurs et Députés du cru,
instituteurs de toute la région, tous les chefs blocards. Un banquet fut servi
dans la ferme du Bas Bourg et des discours très sectaires pour l'époque furent
prononcés.
Le soir il y eut feu d'artifice - bal et toutes les réjouissances qui figurent
aux programmes des fêtes laïques : journée néfaste qui mit le comble à la
réputation détestable qu’avait déjà Rimoux » 1943 : le 6 décembre 1943, cette statue est détruite par des hommes en chemises bleues aux ordres de Vichy et des Allemands. Dès le lendemain, elle est remplacée par une Mariane en plâtre se trouvant à la Mairie, qui résistera aux intempéries jusqu'au … 14 juillet 1946 ! … 1947 : Suite à une décision du Conseil municipal du 23 janvier 1947, un autre buste en fonte de fer bronzé, produit par les Etablissements A Durenne, d'une valeur de 35 000 F, est inauguré le 21 septembre 1947 en présence du Sous-Préfet, du Conseil Général, d'anciens conseillers d'arrondissement; "des maires du canton et communes limitrophes et autres personnalités. Réunis en cortège, ces personnalités se sont rendues sur la place et Monsieur le Représentant du Gouvernement a dévoilé le nouveau buste de la République" ( 9) Pourquoi Rimou ? C'est
une commune qui vote massivement pour les Républicains (212 suffrages sur 264
inscrits aux cantonales de 1883) et qui, déjà sous la révolution, s'était
montrée très hostile aux Chouans ; l'esprit bleu
y est entretenu par le souvenir de combats héroïques contre les blancs. Noter qu'aucune cérémonie
n'est prévue dans la matinée, qui –sans qu'on le dise- est réservée à la messe
à laquelle assistait alors presque tous les habitants (plus de 90 % des hommes
font même ici leurs Pâques !). C'est un pays de christianisme bleu, c'est à
dire de pratique religieuse forte, mais où par anticléricalisme (au sens strict
de ce mot) on refuse l'intervention des prêtres dans la vie publique (et même
privée : sexualité, scolarisation des enfants …). Le caractère républicain
de la journée est marqué par : -
La plantation d'un Arbre de la Liberté, pour
remplacer celui que le second empire a fait abattre. Ce Chêne, d'une belle
ampleur, existe encore aujourd'hui, avec un panneau indiquant sa signification. -
La remise d'un Drapeau d'honneur, à l'initiative du
Comité Républicain de l'arrondissement qui orchestre la propagande et les
campagnes électorales, avec l'appui de "La Chronique de Fougères".
Cela s'accompagne d'une
sorte de liturgie laïque destinée à enraciner les valeurs de la République :
-
la Fraternité (concurrente de la charité
chrétienne) se traduit par une distribution de pain aux pauvres, -
l'égalité est présente au banquet où se mélangent
toutes les conditions sociales. En organisant cela à l'ancienne Grange aux
Dîmes (souvenir d'un impôt d'Ancien Régime destiné au Clergé, supprimé par la
Révolution), on souligne les bienfaits résultant de 1789. -
La Liberté est présente dans les jeux, puisés dans
les fonds des traditions. Le tout bénéficie d'une
certaine pompe qui devrait éclipser celle qu'affectionne alors l'Eglise :
-
présence de personnalités, dont le jeune Député
(républicain), Comte de la Riboisière, petit fils d'un fameux général d'Empire, -
concerts, avec une dominante de musique légère plus
ou moins à la mode, -
feu d'artifice offert au peuple, alors que c'était
autrefois réservé aux châteaux. Michel Denis Professeurs
émérite à l'Institut d'Etudes Politiques de Rennes Président Honoraire de
l'Université de Rennes II |
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